Tout savoir sur la Mancenillier

Tout savoir sur la Mancenillier

Le Mancenillier, l’arbre le plus dangereux !

Le Mancenillier, scientifiquement appelé Hyppomane Mancinella est un arbre très toxique, de la famille des Euphorbiaceae des régions équatoriales d’Amérique (Mexique, Floride, les Antilles, Martinique et Guadeloupe) dans les sols secs et sableux. Mancenillier est dérivé de l’espagnol « manzanilla » qui signifie « petite pomme » en raison de la forme de son fruit. Les premiers à découvrir cet arbre l’ont surnommé ‘’àrbol de la muerte’’ qui veut dire, « l’arbre de la mort » !

Comment reconnaître cet arbre ? En effet, il est d’une taille moyenne comprise entre 5 et 10 mètres de haut (25 mètres en situation abritée) et possède le port d’un poirier et une écorce grise assez lisse. Il produit une sève blanchâtre extrêmement toxique en cas de blessure. Ses feuilles de couleur verte, sont luisantes et ovales de 3 à 20 centimètres de long. La base de ces feuilles est arrondie. Le pétiole de 5 à 12 centimètres porte grosse glande rouge à l’apex. Portant sur un épi de 4 à 15 centimètres comme les arbres monoïques, il a des fleurs mâles vers l’apex en groupe de 3 voire 5 et des fleurs femelles globuleuses dans les aisselles des bractées inférieures. Il fleurit par période, février Mars et août septembre. Ses fruits ont une ressemblance frappante avec une petite pomme. Ils sont comme des drupes de 3 centimètres de diamètre et très toxiques. Ils dégagent cependant une odeur agréablement parfumée en citron et de pomme reinette. Comme tout arbre, le mancenillier n’attaque pas, ne mord pas mais surtout ne griffe pas tel un prédateur. Mais, il a développé des armes propres à lui pour dissuader toute personne ou animal qui voudrait s’en approcher. En partant de son bois à ses pollens, sa sève, son latex et ses feuilles sont hautement toxiques. Ne vous trompez pas, le brûler dans le but d’en finir, les fumées dégagées sont dangereuses ! Il est donc déconseillé de s’en approcher pour quelque raison (s’y adosser pour se reposer, ramasser une branche, faire la sieste sous le feuillage) que ce soit. Il est très important de savoir qu’en cas d’averse, aussi petite qu’elle soit, les gouttes d’eau se chargent de particules toxiques et ruissellent jusqu’au sol. Il faut donc absolument éviter le contact du sol pour éviter des conséquences telles que : brûlures, cloques, irritations oculaires… Les habitants de ces régions, avec le temps, s’habituent et s’adaptent à vivre avec ces arbres. S’il y a donc une couche à protéger, elle concerne les touristes. On constate à cet effet, des panneaux pour prévenir de la dangerosité de cet arbre. Dans certaines régions comme les Antilles, ces arbres sont signalés par une marque rouge au niveau du tronc. La consommation des fruits de cet arbre est suicidaire ! Les effets secondaires sont immédiats. On peut en citer : gonflement des lèvres, cloques sur la langue, les œdèmes empêchent la respiration au niveau du pharynx, douleurs abdominales, vomissements, diarrhées… En cas de consommation d’une simple bouchée de ces petites pommes, il est vital de se rendre immédiatement à l’hôpital le plus proche pour un suivi des experts. Le communiqué de l’université de Floride a prévenu là-dessus : « Toute indigestion ou interaction avec une partie de cet arbre peut être létale ».

Dangereux mais important pour la nature

Contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer de cet arbre, il joue cependant un rôle important sur l’écosystème. En effet, si les scientifiques n’ont toujours pas encore pu déterminer comment et pourquoi Hippomane Mancinella a évolué à un niveau de toxicité aussi extrême, ils connaissent aujourd’hui la composition chimique des différentes parties de l’arbre dit le plus dangereux au monde de même que son rôle bénéfique sur son écosystème. Nous pouvons citer entre autres :

  • Excellent coupe-vent, il contribue comme on pouvait s’y attendre, à la lutte contre l’érosion des littoraux. Aussi, toutes les espèces ne sont pas aussi sensibles à ses toxines que l’Homo Sapiens. D’ailleurs, certains reptiles ont même développé une immunité aussi naturelle que totale et peuvent se nourrir des fruits de cet arbre mais surtout profiter des branches et y vivre.
  • La communauté locale, avec le temps, s’est habituée à traiter les différentes parties de l’arbre de la mort au point d’en faire des créations artisanales. En effet, une fois séchés au soleil, le bois et les fruits sont utilisés respectivement pour fabriquer des meubles mais surtout en faire des compositions qui traiteraient certaines maladies comme l’hypertension.
  • Il a été prétendu que les Caraïbes utilisaient le latex du Mancenillier comme poison de flèche mais Vigors Earle, biologiste, a rejeté catégoriquement cette allégation.
  • Plusieurs écrivains ont utilisé dans leur bouquin, comme référence, les caractéristiques du Mancenillier. On peut citer : Jacques Fournet dans ‘’Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, Gondwana éditions, Cirad, 2 002’’ ou encore Posada-Arango A. « le poison des sauvages », Pabellon medico vol 16. Il est évoqué aussi dans le roman ‘’SAS aux Caraïbes’’ en 1967. Il était question de la torture d’un jeune homme par l’utilisation de la sève acide de l’arbuste
  • Dans la fiction, l’arbre de la mort, est évoqué dans le film ‘’La Forêt interdite de Nicholas Ray en 1958 avec un scénario où un homme a été mis à mort attaché à l’arbre Mancenillier
  • Dans l’opéra ‘’L’AFRICAINE’’ de MEYERBEER, Selika, abandonnée par Vasco de Gama, se suicide en inhalant la fleur mortelle d’un Mancenillier.

En dehors de tous les biens que nous apportent les arbres en général, il est donc important de savoir qu’il en existe certains, quelque part dans le monde, qui sont nuisibles à notre santé et il vaut mieux ne pas s’en approcher.